janvier 6 2016

Pense-bête (6/01/16) : De l’obéissance

Alors Ben, tu vas sans doute encore te demander où je vais pêcher mes idées saugrenues, mais ces derniers temps je me suis demandée ce que signifiait exactement l’obéissance.

Parce que vois-tu, pendant longtemps, l’obéissance a été une valeur et d’ailleurs, en certaines occasions, on faisait voeux d’obéissance au Roi, à Dieu, à nos parents. Et quand je regarde la manière dont certains états sont gérés, comme l’Arabie Saoudite par exemple, je me rends bien compte que cette valeur reste encore primordiale ailleurs dans le monde. Mais tu avoueras que chez nous ce n’est plus du tout le cas.

Bien sûr, on en voit encore certains prôner un retour à ce modèle disciplinaire strict, surtout quand il s’agit d’éducation et d’enfants, tu le remarqueras, mais, une fois passée la majorité, cette notion apparaît non seulement obsolète et ringarde mais aussi limite insultante. Il ne fait d’ailleurs pas de doute que, si quelqu’un exigeait de toi que tu lui obéisses, tu l’enverrai paître en n’hésitant pas à remettre en cause la légitimité de sa position.

Ce n’est pas que l’on vive dans un monde sans hiérarchie et sans instruction, on est tous plus ou moins soumis à la volonté de patrons, directeurs, présidents et autres titres du même genre qui font de certains les chefs et d’autres leurs subalternes, mais, même dans ces situations, nous rechignions à y voir de l’obéissance. Il s’agit de respect pour l’organisation, tout au plus, tant qu’elle nous semble légitime et dans les limites du secteur d’activité visé. On est très loin de l’allégeance aveugle et absolue qui en faisaient autrefois la valeur indiscutable. C’est un contrat social.

Dans ce contexte, on le voit, tout et tout le monde peut être contesté, dès lors que le contrat ne nous semble pas respecté : les chefs d’entreprise et les syndicats, les gouvernants et les leaders d’opinion, les intellectuels et les religieux. Chacun est en droit de contester le pouvoir sous toutes ses formes. C’est pourquoi l’ambiance dans les familles et dans les écoles a considérablement changé ces dernières décennies.

Oublie ces histoires d’enfants-rois. Ceux-ci ne font preuve que de l’apprentissage des codes régissant notre organisation sociale. D’ailleurs, quand tu penses aux conditions de terreur qui assurent les systèmes basés sur l’obéissance, il n’y a pas forcément de quoi être nostalgique.

Par contre, il serait dramatique que, de ce fonctionnement plus égalitaire et critique, reconnaissant à chacun le droit de défendre ses opinions, découle la mort de l’action collective. Car, ne nous leurrons pas, cette égalité de principe a aussi tendance à nous isoler. Et ce que nous gagnons en liberté d’expression individuelle, nous le perdons en force de changement politique.

Prenons donc garde que notre liberté ne devienne la meilleure alliée de notre obéissance.


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Ecrit 6 janvier 2016 par admin dans la catégorie "Pense-bête

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