décembre 30 2023

Mécanique de l’anti-wokisme

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Depuis que la panique autour du Wokisme s’est emparée d’une frange non négligeable du spectre politique, nombreux sont ceux qui, étant visés par ce qualificatif effrayant ou pouvant se sentir concernés, tentent de produire un contre-discours à opposer à cette offensive culturelle. Il a été rappelé qu’il s’agissait là d’une étiquette vide que personne ne revendiquait et dont l’objectif était de recouvrir sous le même terme inquiétant, car américanisant et nouveau, l’ensemble des revendications progressistes. Alex Mahoudeau l’a efficacement analysé en termes de panique morale capable de produire beaucoup de bruit pour rien. Pas évident, cependant, de donner du sens à des termes et une angoisse que l’on perçoit soi-même comme absolument sans fondement. C’est pourtant ce que je pense être enfin parvenue à faire avec la définition que je m’apprête à proposer ici, en espérant que cela sera éclairant pour d’autres que moi.

Afin de comprendre l’insistance à investir ce terme, non seulement d’un contenu idéologique cohérent mais également d’une menace qui planerait sur notre civilisation toute entière, sans doute faut-il commencer par se glisser dans la tête d’un angoissé du Wokisme et prendre la menace ressentie au sérieux, en laissant donc de côté l’aspect « stratégie politique gagnante » (servant de cri de ralliement aux cinquante nuances de la réaction) que l’on ne peut s’empêcher de percevoir depuis l’autre rive.

Si menace il y a donc, celle-ci repose entièrement sur la propagation d’une idéologie dite Woke, c’est-à-dire identifiant, au cœur du fonctionnement social, des rapports de domination dont certains bénéficient au dépend des autres. Ce poison culturel infecte les esprits et se propage de proche en proche dans tous les organes de la diffusion idéologique : les médias, l’enseignement et le militantisme. Nous voici au cœur d’une pensée purement idéaliste : ce sont les idées qui ont le pouvoir de changer le monde, les mauvaises idées peuvent donc se révéler extrêmement dangereuses. Lire plus

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septembre 17 2023

Mon grain de sable dans la machine à broyer l’EVRAS

Voici plusieurs jours que je rencontre sur Facebook l’expression d’inquiétudes au sujet de l’EVRAS. Je n’ai pas pour habitude de jouer au Don Quichotte contre toutes les paniques morales que je vois passer au quotidien car c’est un travail sans fin qui finit par te faire passer pour le chieur de service alors que tu aimerais juste garder un minimum l’esprit sain. Je vais néanmoins faire une exception pour celle-ci, parce qu’elle concerne ce qui se passe dans les écoles et que, en tant que prof, le climat de méfiance qu’elle engendre n’est pas pour me rassurer.

Evoluant dans une bulle de filtre plutôt policée, je n’ai pas été directement confronté aux rumeurs et élucubrations les plus trashs, assez ridicules pour se discréditer elles-mêmes. Je lis, par contre, que l’on nous mentirait sur la teneur exacte et l’étendue des « apprentissages » visés, que l’on a quand même le droit de poser des questions légitimes, qu’il est normal de s’inquiéter.

Loin de moi l’idée d’affirmer que nos gouvernements et médias sont transparents et démocratiques, que les décisions prises le sont toujours pour le bien du plus grand nombre, voire que ces dernières années n’ont pas été le théâtre d’un basculement autoritaire dans la manière de gouverner dont l’obtention du consentement se fait désormais davantage par le Nudge et la pression sociale que par le débat contradictoire et l’argumentation rationnelle. Lire plus

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octobre 11 2020

Coronavirus : Pourquoi cette gestion de crise me pose problème et pourquoi elle devrait en poser à bien plus de personnes qui se disent raisonnables

Plus la crise sanitaire que nous vivons actuellement perdure et plus les positions sur le sujet se polarisent entre ceux qui estiment que les risques encourus ne méritent pas autant de sacrifices et ceux qui disent au contraire que les efforts concédés ne sont pas bien grands en comparaison des vies sauvées. Les premiers reprochent aux seconds leur manque d’esprit critique face à des chiffres officiels contestables et manipulables tandis que ces derniers les présentent comme des irresponsables privilégiant un confort de vie égoïste à une solidarité consciente de l’impact des comportements des uns sur tous les autres.
Pourtant ce face-à-face, qui se rejoue à l’infini partout où nous interagissons, n’a rien d’un désaccord politique, philosophique ou moral. Il s’explique parfaitement par deux paramètres, qui souvent se rejoignent : le degré de confiance dans nos institutions et les conditions de vie rendant la même mesure plus ou moins impactante. Que l’on puisse rester et recevoir chez soi, y trouver toutes les conditions du maintien de sa socialité ou pas, le sacrifice demandé n’est pas équivalent ; que l’on travaille dans un contexte permettant un respect constant des gestes barrières ou pas, les règles auront plus ou moins de sens ; que l’on subisse des pertes de revenu importantes ou pas, les exigences n’auront pas le même poids ; que l’on ait des raisons de s’inquiéter pour un proche ou pas, que ce soit parce qu’il fait partie des personnes à risque ou, au contraire, parce que les restrictions de soin liées à la crise mettent en péril une prise en charge optimale, les enjeux ne seront pas comparables.
Aussi, les appels à la raison, que ce soit au nom de la rationalité scientifique ou de l’attitude raisonnable, qui est forcément toujours la sienne, justifiée par sa propre situation, apparaissent aussi vains que discutables, tant ils ont au final pour fonction bien plus de désigner des coupables et de se féliciter d’être du bon côté que de contribuer à l’intelligence collective. Ce n’est donc pas au nom de la raison que je souhaite exprimer mes inquiétudes ici mais au nom de la politique, du projet de société que dessine, sans délibération aucune, le moment que nous vivons tous, obéissants comme désobéissants.

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